DÉCRYPTAGE D’HUGO
DÉCRYPTE AVEC E. MACRON

DÉCRYPTAGE D’HUGO
DÉCRYPTE AVEC E. MACRON

Emmanuel Macron a été interrogé, lundi 4 septembre, par le journaliste et
youtubeur Hugo Travers, l’animateur de la chaîne « Hugo décrypte ». Les enjeux
climatiques ont été longuement abordés dans la première partie de l’interview.
Niveau mobilité, le débat s’est orienté autour d’un match train versus avion.

Les annonces sur le ferroviaire et les transports en commun.

Tout d’abord, E. Macron a annoncé l’étude d’un dispositif similaire à celui du pass unique à 49 euros/mois déployé en Allemagne. Ce dispositif devra être déployé en concertation entre le Ministère du Transport et les Régions, compétente sur le transport ferroviaire. Le 19e Congrès des Régions de France a ainsi accueilli le tout premier comité Etat-régions sur les mobilités à Saint-Malo, mercredi 27 septembre.

Déjà annoncé en juin, le Président a rappelé la mise en place du pass train pour permettre à chaque jeune engagé de 18 à 20 ans (au sein d’un service civique, un SNU, ou un contrat engagement jeune) de bénéficier d’un mois de passe TGV et Intercités gratuit pour découvrir le pays.

E. Macron indique aussi la nécessité de disposer de plus de transports en zones urbaines et met en avant les RER métropolitains, « électriques parfois à hydrogènes ».

*Pour s’éclairer sur la question de l’hydrogène, de sa production et de ses potentiels usages :  Etude Carbone 4 Hydrogène Bas-Carbone

Un train onéreux pour le consommateur du fait d’un manque de réforme structurelle.

Après ses annonces, E. Macron a explicité les raisons d’un billet de train devenu (bien) plus cher qu’un billet d’avion :

– La SNCF a souffert d’un manque de réforme et d’ouverture (cout des retraites trop élevées, un système pas efficace). « Du côté du ferroviaire, il y avait beaucoup moins de concurrence [que dans le secteur de l’aviation] et un acteur qui n’était pas assez efficace. Depuis on a fait la réforme de la SNCF [réforme de 2018[1]], on est plus efficace, on a des cheminots formidablement engagés dans cette transition. »

– L’investissement nécessaire dans les infrastructures n’a pas été fait pendant des décennies.

– « Et enfin, si on veut aller vers du mieux, il faut ouvrir à la concurrence. »

Le Président ajoute que l’entrée des acteurs low costs dans le monde aérien a cassé les prix. Et comme nous sommes une économie ouverte, il ne s’agit pas de réguler. On peut noter un certain paradoxe : les problèmes du rail se résoudront par la dérégulation. Dans l’aviation, cette même « économie ouverte » a laissé la place à des acteurs qui ne semble pas jouer le jeu souhaité nationalement…

Le débat s’engage ensuite beaucoup plus longuement sur l’avion

Pourquoi pas de taxation sur le kérosène sur les vols nationaux ?

« La France est l’un des pays qui taxe le plus son aviation. On peut le [le prix du kérosène] bouger si on bouge à l’échelle européenne et internationale. »

Le Président rappelle les efforts consentis : « On a fermé certaines lignes » (de moins de 2h30[2]). On a mis en place une taxe sur les billets d’avion. Ce serait faux de dire que la France taxe moins que ces voisins. »

Sur cette question, nous vous rappelons l’éclairant article du Shift Project, qui date un peu, mais reste tout de même d’actualité : Avion, climat, fiscalité, manuel d’autodéfense intellectuelle.

La décarbonation de l’aviation

« En parallèle [ des efforts consentis sur le ferroviaire] il faut décarboner l’aviation parce qu’on prendra toujours des avions. » E. Macron est ici interrompu par le youtubeur Hugo Travers « est -ce qu’on prendra toujours beaucoup l’avion ? »  à quoi le Président répond : « Et objectivement en plus, en France, on produit beaucoup d’avion. »

L’enjeu s’oriente donc vers celui d’une stratégie de politique industrielle plus que sur les enjeux de mobilité. « On a des grands champions et des emplois partout en France sur le sujet »

Le journaliste ne les détourne pas du vif du sujet : « Est-ce que pour des raisons économiques on doit encourager une industrie qui pollue infiniment plus que d’autres modes de transport ? »

Le Président répond que l’on va décarboner et s’interroger sur nos usages « 1. Est-ce que j’ai vraiment besoin de faire ça ? » Apparemment, les membres du gouvernement ont toujours besoin de prendre un avion présidentiel pour aller visiter une école à 1h30 de Paris en train. On peut donc imaginer que la plupart des Français auront toujours « le besoin » de prendre l’avion dans un futur proche.

Mais l’important aux yeux d’Emmanuel Macron, c’est la décarbonation de la filière. « On décarbone et donc on investit beaucoup d’argent ». En juin dernier, le Président a en effet annoncé le déblocage d’une enveloppe de 300 millions d’euros par an sur la période 2024-2030 dédié à la conception de moteurs et design d’avions plus économes en carburant. Parallèlement, l’Etat va investir 200 millions d’euros dans le développement de biocarburants aériens en France.

Le Président énumère ensuite son plan pour que « l’avion pollue moins » :

1 – Des avions plus légers,

2- Des moteurs qui consomment moins, ou qui à performances égales consomment moins ou  se transforment pour moins émettre

3 – Changer de carburant : « Et donc on est en train de progressivement sortir du kérosène. et entre maintenant et 2030, quel est notre objectif c’est d’intégrer progressivement ce qu’on appelle les SAF, qui sont nos carburants durables que l’on met dans les avions, avec le kérosène, et de passer d’ici à 2030 à 50% de SAF[3]

4 – C’est de passer à l’avion hydrogène et électrique.

A ce jour, comme le rappelait Jean-Marc Jancovici à l’antenne de France Inter il y a quelques mois « il n’y a pas de solutions techniques à l’échelle pour maintenir les quelques milliards de passager du secteur aérien qu’on a par an. »

A ce propos : Pouvoir voler en 2050, The Shift Project

On pourrait aussi s’interroger – dans ces temps de restrictions budgétaires- sur ce que l’on pourrait faire avec les sommes colossales investies dans la décarbonation du secteur aéronautique…

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[1] Mesures phares de la réforme de 2018 : disparition du statut de cheminot pour les nouvelles embauches (il est maintenu pour les agents déjà sous contrat) ; changement de statut de la SNCF en une société anonyme à capitaux publics ; ouverture à la concurrence en 2019 pour les trains régionaux (TER, Intercités, Corail…) et en décembre 2020 pour les TGV.
[2] 3 lignes sont concernées : Paris-Orly-Lyon, Bordeaux et Nantes.
[3] Sustainable Aviation Fuel