Déplacement instantané, l’infolettre de la Fresque de la Mobilité
Des transports bas carbone et de la pollution numérique
en plus, le tout dans une seule infolettre !
La Fresque de la Mobilité a lancé Déplacement Instantané, son infolettre externe consacrée à la mobilité des personnes et à sa nécessaire décarbonation.
Abonnez vous pour la retrouver, chaque mois, directement dans votre boîte mail, un édito aussi enflammé que le climat, une courte revue de presse réalisée avec soin (comprenez par là une subtile alternance entre la perspective d’un monde meilleur et la confirmation que tout est foutu), ainsi que des liens vers les excellents articles rédigés par la communauté de la Fresque de la Mobilité.
N’hésitez pas à vous abonner à partager autour de vous si cela vous plaît.
Découvrez l’édito de Guillaume Bresson
pour la lettre de septembre !
C’est la fin des congés estivaux et, avec elle, vient poindre l’interrogation existentielle de choisir ce dont on va causer dans cet éditorial de rentrée. Et comme d’habitude, le travail s’est fait tout seul grâce à la magie des marronniers journalistiques de l’été. Le 12 août, TF1 a diffusé un reportage comparant voitures électrique, hybride et diesel sur un même trajet, jugeant temps de parcours, prix et impact écologique, brassant le sempiternel questionnement sur la possibilité de partir en vacances autrement qu’avec du pétrole dans le réservoir.
Le segment s’est essentiellement concentré sur la durée du voyage, le conducteur de l’électrique ayant réussi à atteindre les 5 heures pour faire les 310 km prévus, là où les autres ont mis environ 3 h 30. En cause, une mauvaise connaissance du journaliste (et aussi pas mal de malchance) qui ressemble beaucoup aux aprioris les plus communs : inquiétude liée à la panne de batterie, utilisation partielle ou incorrecte d’un planificateur d’itinéraire adapté, méconnaissance du fonctionnement de la recharge, départ avec une batterie pas tout à fait pleine, etc.
Le sujet a généré énormément de réactions sur les réseaux sociaux et beaucoup ont pointé les manquements du reportage et la piètre image qu’il contribue à véhiculer sur l’électrique (c’est la rentrée, on fait ce qu’on peut sur les jeux de mots). Un youtubeur a été jusqu’à refaire le parcours au volant de l’exacte même auto. On imagine aisément que Volkswagen, qui avait sûrement prêté le modèle utilisé par TF1, n’a pas dû être bien satisfait de la publicité occasionnée. Résultat : le trajet s’effectue très bien d’une traite sans recharge.
Si les reproches se sont surtout focalisés sur le traitement du véhicule électrique et sa large méconnaissance par le journaliste, on pourrait aller plus loin et se demander s’il n’aurait pas été plus pertinent de faire un travail sur l’état des stations et le maillage de celles-ci en France, les types de recharge et leur coût, l’autonomie réelle des batteries, etc. Autant de points qui montreraient aussi, et de façon plus juste, que posséder une voiture électrique nécessite de savoir deux ou trois choses et d’anticiper un minimum ses déplacements, ce qu’on ne fait plus depuis un certain temps avec une essence ou un diesel.
Mais pour pousser la réflexion encore davantage (sinon pourquoi s’embêter à faire un édito ?), de manière générale, considérer les véhicules électriques comme de purs équivalents à des thermiques rate quelque chose de la transformation que l’on doit opérer dans le secteur de la mobilité. Celles-ci ne devraient être une solution que lorsqu’aucune alternative n’existe ou ne peut être mise en place par la puissance publique. Et dans ce cas, il faudrait tendre vers les formats les plus petits possibles (le reportage compare trois SUV dont on connaît l’impact environnemental délétère). Enfin, avec une telle orientation « conso », on ne discute pas d’un éventuel changement des habitudes visant à partir plus près ou là où des transports collectifs (train, par exemple) peuvent déjà nous mener. Le remplacement systématique d’une thermique par une électrique reste une mauvaise solution à long terme pour le climat et la biodiversité et tant que l’on manque cet aspect, on perd du vue l’ampleur de la transformation que l’on doit conduire, véhiculer, covoiturer, voire partager.