La carte du mois : l’avion

La carte du mois : l’avion

La carte Avion : quelle est la part des transports (et notamment l’avion) dans l’empreinte carbone des Jeux Olympiques ? Sébastien Doumic nous aide à y voir plus clair.

« 5% seulement, est-ce qu’on ne peut pas s’occuper
d’autre chose avant ?! »

Voilà une carte qui provoque parfois une situation de malaise de la part de certains participants… Surtout de la part de ceux qui « ne peuvent pas s’en passer » !

Que nous dit-elle ?

On y voit un moyen-courrier (l’avion le plus « banal ») sur le point d’atterrir sur l’aéroport d’une métropole importante et moderne.

La question, sur l’impact de l’avion, propose trois réponses : 2%, 5% et 15%.

Si le consensus sur le chiffre se fait généralement rapidement, c’est l’occasion pour certains d’insister sur le faible impact de l’avion : « 5% seulement, est-ce qu’on ne peut pas s’occuper d’autre chose avant ? »

5% du réchauffement mondial, mais les français ?

La carte est une des rares de la Fresque à évoquer un chiffre mondial. Il est en effet difficile de mesurer l’impact d’un seul pays.

En revanche, on sait comment les français prennent l’avion : 11% le prennent plusieurs fois par an, 56% occasionnellement, et 33% ne le prennent jamais …

Avec 2% de la population (presque 1 million de personnes) qui prend l’avion une ou plusieurs fois par mois, nous sommes clairement dans le club des mauvais élèves.

5% du réchauffement mondial, mais combien pour les J.O ?

Et pour les J.O ? A priori, les français, locaux de l’étape, ne doivent pas peser lourd dans les émissions de CO2 liées à l’avion…

De ce côté-là, nous aurons probablement un jour des chiffres définitifs et fiables…

En attendant, nous devons nous fier aux estimations des différentes parties prenantes.

Du côté du COJO (l’organisateur), le transport sera à l’origine d’un tiers des émissions, dont 25% pour les seuls spectateurs (devant les impacts liés aux infrastructures).

De son côté, l’ONG Carbon Market Watch estime que le transport dans son ensemble devrait peser pour 40% du total.

Bref, on l’aura compris, le transport, et singulièrement celui des spectateurs, pèsera très lourd dans le bilan global. Mais y a-t-il des « solutions » ?

Mêmes Jeux, moins d’impact ?

Laissons la parole à César Dugast, de l’ONG Carbon Market Watch :

« On n’arrivera pas à la hauteur des objectifs climatiques en restant dans le modèle actuel des JO » 

« On pourrait imaginer sortir du méga-événement centralisé dans une seule ville, pour plutôt répartir les disciplines dans différents pays, développer les fan zones décentralisées » 

Et ainsi « recruter plus de spectateurs localement, créer une expérience enrichie et élargir des Jeux, et réduire la place de l’avion dans les déplacements. »

Une chose est sûre : avec la raréfaction de l’énergie disponible, les Jeux Olympiques changeront nécessairement d’aspect. Les J.O de Paris sont-ils les derniers de leur type ?

Alors, quel avenir pour l’avion ?

D’un côté, nous avons la croissance du trafic aérien qui est revenu, puis a dépassé en 2023 ses niveaux d’avant crise sanitaire. Les constructeurs remplissent leurs carnets de commande comme jamais. Les médias ne parlent que de l’avion électrique ou de l’avion a hydrogène (dans les cartons d’Airbus). L’industrie ne jure que par les SAF (carburants alternatifs), alors qu’ils ne représentent que… 1% du carburant actuel.  Le transport aérien peut-t-il donc connaître un avenir radieux ?

Rien n’est moins sûr, selon Carbone 4 ou l’association SupAéro-Décarbo.

Laissons leur le mot de la fin : « Tous les leviers, technologiques comme comportementaux, seront nécessaires pour décarboner le transport aérien : en oublier un, comme l’effort sur la limitation du trafic, rend le plan de décarbonation non viable. »

Sources :

Carbone4
The Shift Project
Le Monde
Fondation Jean-JauresCarbon Market Watch