La carte du mois : le train

La carte du mois : le train

La carte Train, nouvelle version, des astuces pour parler de ce sujet pas si anodin, par Célia Corneil, consultante en mobilité durable.

C’est (bientôt!) les vacances.
L’occasion de s’attarder sur nos mobilités de longues distances et revenir sur l’évolution de la Fresque sur l’une de ses cartes d’importance : l’usage du train.

Qu’est ce qui change ?

Une petite rectification sur les chiffres de la comparaison train versus avion sur les longues distances, désormais nous évoquons 90 fois moins de CO2eq en faveur du train au lieu de 100 fois.

Nouvelle version
Ancienne version

Cette évolution permet de s’aligner sur la mise à jour de monimpacttransport de l’ADEME, pour rendre le calcul non critiquable.

Exit aussi la comparaison avec le trajet seul en voiture : le taux d’occupation des voitures est en moyenne de 2,2, la comparaison n’était donc pas représentative de la majorité des cas.  Pas d’inquiétude, pour celles et ceux qui “adorent la bagnole” (😉) la calculatrice monimpacttransport permet d’établir des comparaisons tous modes, dont la voiture, avec la possibilité de modifier le nombre de passager. Un exemple efficace pour faire réfléchir sur des cas concrets !

monimpacttransport, comparaison sur un trajet Montpellier-Amsterdam

Et pourquoi c’est si important de parler du train ?

Les changements d’usage sont compliqués, et les trajets longue distance ne font pas exception à cette règle.

Lors d’animation de Fresque, on entend souvent les participant.e.s se dire prêt.e.s à faire des efforts sur leur quotidien mais ne pas pouvoir renoncer à prendre l’avion pour leurs vacances. Ou “ne pas pouvoir imposer des choix et convictions personnelles à ses proches.”

Les trajets longues distances sont donc marqués par des idéaux à l’échelle sociétale. Par exemple, il est admis, de manière assez majoritaire, que partir en vacances loin, rapidement, dans des destinations considérées comme “exotiques” est un idéal de vacances. Et que cela s’avère plus désirable que de partir en train, moins loin, et découvrir plus longtemps un lieu spécifique.

On voit que cette question du train dépasse des enjeux d’organisation et de logistique de vacances : cela appelle à changer de vision du monde.

Alors comment aborder cette question sensible ?

👉🏻 Objectif n°1 : montrer l’impact que chacun.e a lors de ses déplacements de longue distance.

On touche à un enjeu majeur pour la décarbonation de nos modes de vie. La carte “Train” rappelle par elle-même les ordres de grandeur. Si besoin, proposer de faire un exemple via la calculatrice en ligne de Le Monde, basée sur les données de l’Ademe, c’est ludique et très parlant !

Il y a aussi la calculatrice de l’Ademe (monimpacttransport, dont on parlait plus haut) qui permet de comparer tous les modes.

👉🏻Objectif n°2 : éviter le phénomène “notre maison brûle et nous regardons ailleurs” en engageant l’action, à chaque niveau.

Pour un public déjà sensibilisé : ces participant.e.s sont ouvert.e.s, prêts et prêtes à comprendre et intégrer de nouvelles informations. Pour ces personnes, il faut absolument engager l’action pour donner de l’espoir et offrir le sentiment de pouvoir agir de manière utile.

Les parties 2 et 3 de la Fresque sont très importantes pour cela : il s’agit d’engager la personne sur des leviers individuels à sa portée, par l’exemple (les profils) et par la réflexion personnelle.

Cela peut se compléter en parlant de Mollow ou de Hourrail pour donner des idées de voyage.

L’homme est un animal social, il s’agit de montrer qu’une communauté existe autour de ces valeurs du “voyager autrement” et surtout, montrer que tout le monde peut en être !

Pour les réfractaires :

Les participant.e.s les plus réfractaires à l’idée de prendre le train ne vont pas sauter sur l’appli de la SNCF ou sur Mollow après avoir participé.e.s à la Fresque de la Mobilité.

D’abord, c’est un changement de paradigme trop important. Notre cerveau n’a pas la capacité de changer de mode de penser à la première information contradictoire.

C’est ce que l’on appelle un biais d’exposition sélective, un biais cognitif qui permet au cerveau d’agréger un maximum de résultat avec un minimum d’effort. Le cerveau concentre notre attention sur les biais que l’on possède déjà. Si des informations contradictoires avec notre pensée de base arrivent, le cerveau regarde ailleurs, se détourne.

Ce type de personne fait face à des conflits d’intérêt d’ordre symbolique, d’estime de soi. Rejeter une forme de croyance implique de changer de groupe social, s’imposer une forme de violence. Ils et elles ne s’imposeront pas cela.

Ici, il s’agit de rester à l’écoute, de communiquer des informations objectives, de rectifier d’éventuels discours biaisés si nécessaire. Ne pas laisser la personne s’isoler lors de la session, l’inclure le plus possible. Entendre les opinions et propositions des autres participant.e.s est la première graine, maintenant, il faut laisser germer…

Pour aller plus loin …

De supers astuces d’animation sur l’excellent webinaire, dont nous avons tiré nos réflexions : “Tenir compte de la psychologie dans les ateliers de sensibilisation pour augmenter son impact”, de Benoît Rolland de Ravel, Animateur de la Fresque du Climat : pleins de réflexions intéressantes, pour tout anim!

Sur la question du tourisme durable, n’hésitez pas à aller regarder du côté de la https://www.lafresquedutourisme.org/ Fresque du Tourisme