Revue de Presse de la Mobilité

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Par Célia Corneil, experte en mobilités durables.

Pass Rail, ça s’en va et ça revient…

On vous en parlait dans une newsletter précédente, le gourvernement a annoncé en septembre dernier la mise en place d’un dispositif similaire à celui du pass unique à 49 euros/mois déployé en Allemagne : un billet de train servant à voyager sans limite sur le réseau ferré Intercités et TER, quel que soit son âge.  Le ministre des Transports avait précisé que ce pass pourrait aussi fonctionner sur les réseaux de transports e commun des grandes villes françaises.

Finalement…

Le pass rail pour tous devient un pass rail estival réservé aux jeunes, annonce le Ministère des Transports. Un dispositif qui existait en 2020 et 2021, avait trouvé son public, mais avait été abandonné à la suite d’une concertation avec les Régions. Pour une analyse de ce dispositif, nous vous conseillons l’article de J. Codelfy Pourquoi le Pass rail en France est une mauvaise réponse à une bonne question

Une analyse qui pointe : 

👉🏻 l’enjeu de la capacité du réseau ferroviaire français : aujourd’hui déjà saturé au niveau des nœuds dans les agglomérations. L’infrastructure nécessite de gros travaux de régénération qui demande du temps et des investissements financiers. Le Pass Rail mettra plus de monde dans les trains, sans résoudre cet enjeu et en proposant des qualités de service à bord forcément médiocre, du fait de la saturation des lignes. 

👉🏻 Un dispositif coûteux qui ne répondrait pas aux besoins de déplacements du quotidien. Un titre unique avantagerait les long commuters, une minorité de personnes réalisant régulièrement des trajets de plus de 100 kms. 

👉🏻 Une mesure qui ne répond pas aux souhaits des Français, qui positionne comme enjeu n°1 la qualité et la fréquence de l’offre en TC, avant la question tarifaire.

Les solutions proposées par l’auteur

💡 Optimiser les recettes afin de créer un choc de l’offre de transports en commun, en particulier sur le périurbain et les villes moyennes. 

💡 La tarification à l’usage et au quotient familial pour favoriser le report modal face au constat que “Les calculs de coût global montrent que le voyageur non abonné des transports en commun est toujours perdant face à la voiture que ce soit pour les transports urbains ou les TER. Cela signifie que pour ceux ne se déplaçant pas tous les jours – les temps partiels, les télétravailleurs, les multi-employeurs, … – les tarifs abonnés ne sont pas intéressants et les tarifs au ticket trop coûteux. Ceci incite les revenus faibles non éligibles aux tarifs sociaux à utiliser la voiture… ou à frauder les transports publics.”

Sur la question du report modal de la voiture vers le vélo et les transports en commun, nous vous conseillons le webinaire très intéressant de l’Union routière de France : Replay du webinaire du 10 novembre « Le report modal de la voiture vers le vélo et les transports en commun : mythes et réalités » – Union Routière de France (unionroutiere.fr)

Découvrir que : 

  • le phénomène de substitution des modes entre eux n’est pas au RDV mais que les offres modales s’additionnent, en complémentarité, ce qui ne provoquent pas re report modal
  • Si les réseaux de transports en commun ont été nettement améliorés dans les centres, les périphéries des villes en sont les grandes oubliées. L’enjeu des dix prochaines années va se porter sur la capacité à offrir un nouveau partage de la voirie dans ces franges : vélo, TC, covoiturage.


SERM, du rail à l’offre multimodale

Alors déjà qu’est ce que c’est ? le SERM, “Service Express Régionaux Métropolitains” a été annoncé fin 2022 par le gouvernement comme l’idée de développer un réseau de RER métropolitains. Plusieurs grandes villes sont pressenties : Lille, Lyon, Grenoble, Marseille, Rennes, Rouen ou encore Strasbourg et Bordeaux. 

Fin décembre 2023, la loi relative aux services express régionaux métropolitains (SERM) est promulguée. 

Que contient-elle désormais ? 

👉🏻 de l’offre ferroviaire à l’offre multimodale de services de transports : la mobilisation des acteurs de la mobilité (vélo, covoiturage…) a payé, un SERM comprendra obligatoirement : 

  • Une offre ferroviaire renforcée;
  • Une offre de cars express à haut niveau de service;
  • Des réseaux cyclables;
  • Pourra aussi inclure : des services de transport fluvial, de covoiturage, d’autopartage.

Les premières labellisations de SERM auront lieu début 2024 et une conférence sur leur financement est attendue pour mi 2024. A suivre… 

Pour plus d’infos : Le Livre Blanc des SERM, publié par la Direction Générale des infrastructures, des transports et des mobilités, la Société des grands projets et SCNF Réseau.

Des ZFE de moins en moins nombreuses, bonne ou mauvaise nouvelle ? 

Les Zones à Faibles Émissions (ZFE), mise en place dans le cadre de la loi d’orientation des mobilités (LOM) en 2019, visait à mettre en place des périmètres interdisant la circulation en ville de certains véhicules motorisés, autour de 11 agglomérations. En juillet 2023, le Comité ministériel sur la qualité de l’air avait réduit ce nombre à 5 agglomérations : Aix-Marseille, Lyon, Paris et la métropole du Grand Paris, Rouen et Strasbourg. Elles ne sont désormais plus que 2 concernées : Paris et Lyon. 

Pourquoi ? 

La mise en place d’une ZFE sur un territoire s’appuie sur l’analyse de la qualité de l’air : taux dioxyde d’azote (NO2), le taux de particules fines PM10 et PM2,5. Les valeurs sont en progression dans l’ensemble des territoires à l’exception de Paris et Lyon où elles continuent à dépasser les seuils règlementaires fixés par les normes européennes. Mais voilà : les normes européennes sont plus tolérantes que celles fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Il semble donc qu’il faille se réjouir d’une qualité de l’air en constante amélioration. Cependant, ce rétropédalage sur les ZFE marque surtout la difficulté de mise en œuvre des ZFE et la difficile acceptabilité des mesures.  Ce sont donc des mesures d’accompagnement au report modal de la voiture autosoliste vers d’autres solutions qui sont donc nécessaires, et ce, pour toutes les classes sociales en particulier les plus précaires. A ce sujet, aucune annonce à ce jour… 

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Description générée automatiquement
Déploiement des zones à faibles émissions (ZFE) (Mars 2024)
Sources : Métropoles concernées, Ministère de la Transition écologique