Le secteur aérien français a émis 23,4 millions de tonnes de CO2, soit 6,4% des émissions nationales et ces émissions sont croissantes (+2,6% en 2019 par rapport à 2018 et +24,6% entre 2000 et 2019). Source Ministère des transports.
Selon Patrick Daher sur France Inter, commissaire général du Salon du Bourget et président de la société aéronautique Daher, le secteur de l’aéronautique peut atteindre la neutralité carbone en 2050 grâce aux innovations technologiques tant sur les appareils que sur l’énergie.
Des spécialistes de l’énergie comme Maxence Cordiez contestent la faisabilité de la neutralité carbone sans une réduction forte du trafic. Le transport aérien est en effet l’un des secteurs les plus difficiles à décarboner du fait de l’impossibilité d’électrifier les avions gros porteurs et des limites de gisement de matière carbonée « durable » pour produire des biocarburants. Les vols courts et moyens courriers doivent autant que possible être remplacés par des alternatives. C’est surtout sur le transport long courrier que la plus-value de l’avion est importante, c’est sur ce segment que les efforts de décarbonation (agrocarburants et électro-carburants de synthèse, motorisations plus efficaces) doivent se concentrer en parallèle d’une réduction du trafic.
Aurélien Bigo propose une équation de Kaya adaptée aux transports. Pour atteindre la neutralité carbone, les performances techniques ne suffiront pas, il faut agir sur tous les termes ! Le volume de vol doit baisser tout simplement :
– report modal sur les autres transports : train & bateau (les plus décarbonés possibles) notamment;
– pour les vols indispensables : diplomatie, famille, santé, projets clés : les performances techniques seront un complément.
En parallèle de ces efforts, la demande de mobilité doit baisser tout simplement, car aucun mode de déplacement n’est 100% décarboné.
Pour les connaisseurs des conférences de Jean-Marc Jancovici, vous pouvez le retrouver dans une table ronde organisée par le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Jean-Marc rappelle la contrainte liée au pic pétrolier. Les 16 premiers fournisseurs de l’Europe verront leur production de pétrole divisée par deux d’ici 2050, cf l’étude du Shift Project. Que l’industrie aéronautique soit soucieuse ou pas des enjeux climatiques, elle n’aura pas l’énergie pour faire fonctionner tous ses avions !