La carte vélo, le point sur les dernières données.

Avec l’arrivée du beau temps et l’organisation des événements de Mai à vélo, vient l’envie de redécouvrir la carte vélo et de mettre l’accent sur les dernières données disponibles : parts modales, durées des trajets, comportements … Valéry Pernot, un amoureux au quotidien de la petite reine, nous partage les derniers chiffres sur le vélo.

Petite révision

La carte vélo est l’une des cartes la moins débattue durant l’animation du panorama de la Fresque de la Mobilité. On constate la faible part modale du vélo, on se désole parfois puis on avance, même si le vélo retrouve en partie la place qu’il mérite lors de l’étude des leviers et des persona.

Au dos de la carte, on apprend : En France, seuls 1% des km parcourus se font à vélo. Bien que ce chiffre augmente vite, on est loin des 5% dans l’UE et des 8% aux Pays-Bas…

Si l’animateur est un peu curieux ou s’il en a ressenti le besoin, il a consulté le descriptif des cartes :

Explications – Messages principaux
Le vélo est (re)devenu à la mode à la sortie du confinement de 2020, alors qu’il représentait un mode de déplacement important il y a quelques décennies avant l’avènement du tout voiture. De nombreuses raisons expliquent la faible part modale du vélo aujourd’hui, et pas seulement la météo !

L’objectif de cette carte est :
– De montrer que la part modale du vélo est très faible en France, bien inférieure à ce que l’on peut voir dans d’autres pays
– De noter que c’est pourtant un des moyens de transport les plus efficaces en temps, en émissions et en € sur une part importante de nos déplacements. 30 % de la population pratique l’ensemble de ses activités à moins de 9 kilomètres de son domicile (hors activités sociales) soit l’équivalent de 30 minutes de vélo (Forum Vies Mobiles 2020).

Conseil pour l’animation :
Cette carte se place sur la ligne de la mobilité courte distance, dans la case notée 1%, correspondant au % de km pratiqués en vélo.

Astuce : faites placer la carte en dehors de la case qui est trop petite et faites tirer une flèche entre la carte et la case.

Voilà pour la petite révision !

De nouvelles données surprenantes et positives

L’enquête nationale sur la mobilité des personnes, réalisée par le SDES et l’Insee n’est réalisée que tous les dix ans. C’est la dernière enquête mobilité, celle de 2019, qui a permis de construire le plateau de jeu et d’ajouter les parts modales sur les cartes.

2019, cela remonte à loin, voyons ce qu’il y a de nouveau sur le vélo !

En effet, de nombreuses enquêtes mobilités régionales ont été lancées, et nous disposons déjà de résultats assez surprenants et positifs, notamment pour la région parisienne avec des données de 2023, Angers avec des chiffres de 2022, et Bordeaux avec des chiffres de 2021.

La mobilité des Franciliens

Cette enquête mobilité est innovante, elle s’appuie sur les signaux GPS d’un échantillon de volontaires représentatif de la population francilienne, entre octobre 2022 et avril 2023.

Chiffres clés de l’étude :
– 34,5 millions de déplacements par jour ouvré en Île-de-France (Franciliens de 16 à 80 ans)
– Temps de déplacement moyen : 92 minutes par jour en semaine ; 67 minutes le samedi et 49 minutes le dimanche
– 39 % des déplacements sont pour le motif travail
– 40 % des déplacements sont intra communaux
– 24 % des Franciliens ne se déplacent pas le dimanche

8% de part modale au niveau de l’Île-de-France

Parts modales : Enquête Mobilité IDF

Le vélo occupe une part significative au niveau de l’Île-de-France, avec 8% de part modale.

Deuxième part modale pour le vélo à l’heure de pointe Paris / Petite couronne

Quand on zoome au niveau de Paris et de la petite couronne, les chiffres s’envolent.
Dans Paris intramuros, le vélo est clairement devenu un vrai mode de déplacement pour aller étudier ou travailler avec 15.5% de part modale à l’heure de pointe du matin, trois fois plus que la voiture !

Des résultats partiels plus récents, confirment cette dynamique : « Au global pour l’année 2024, la fréquentation vélo à Paris a été supérieure, en moyenne, de 3% à celle de 2023. »

La petite reine mérite bien son surnom à l’échelle de la petite couronne : le vélo devient le deuxième mode de transport derrière les transports en commun et devant la voiture, avec près de 19% de part modale !

Le vélo concerne essentiellement les trajets courts, de 22 min à 29 min pour le vélo électrique, quasiment les mêmes temps passés en bus ou en métro mais plus qu’en deux roues motorisées. Le vélo électrique confirme son effet incitatif, son potentiel est donc ainsi prometteur.

Temps de déplacement : Enquête Mobilité IDF

Rappelons que la vitesse de déplacement en ville est bien meilleure en vélo.

Enquête européenne, 2015, Ghislain Delabie, CC BY-NC-ND
Vitesse moyenne des modes de placements dans quelques grandes villes européennes.

On apprend aussi dans cette enquête de 2023 que les femmes sont sous représentées avec moins d’un tiers d’utilisatrice du vélo, alors qu’il leur offre plein d’atouts : flexibilité des horaires, itinéraires complexes, port de charges… La sécurité des aménagements mais aussi les comportements doivent évoluer pour donner davantage envie et confiance aux femmes de faire du vélo. Pour en savoir plus sur cet enjeu : « La Mobilité des Femmes à vélo » Mélodie Cros Ferréol, Webinaire#1 Les Femmes A Vélo

Enquête Mobilité IDF

Enquête mobilité sur la grande région Angevine

En globalité sur l’agglomération d’Angers, la progression du vélo est plus timide qu’en région parisienne, mais la part modale est significative en nombre de déplacements : 4.7%.

Le potentiel de développement est important, avec 13.7 % des habitants qui prennent leur vélo plusieurs jours par semaine, ce chiffre monte à 21% si on inclut ceux qui le prennent plusieurs jours par mois.

Enquête Mobilité Angers

Au niveau de la métropole d’Angers, 15% des habitants prennent le vélo plusieurs fois par semaine, des chiffres qui se rapprochent de l’agglomération parisienne.

Enquête mobilité sur la Gironde

Pour les métropolitains, les déplacements à vélo ont augmenté de 124% entre 2009 et 2021 ! La hausse est encore plus forte pour les habitants de la métropole rive droite : + 232%. 

La part modale du vélo sur la métropole s’établit à 8 % en 2021. Le potentiel de développement est important, alors que 78% des déplacements des métropolitains et 61% des non-métropolitains font moins de 5 km, et 60% des ménages ont au moins un vélo.

D’autres enquêtes mobilité en cours.

D’autres études sont en cours, notamment Lyon et la région Auvergne-Rhône-Alpes, la métropole de Lille, la métropole de Nantes, la région Grand Est … Encore un peu de patience !

En conclusion : engagez-vous !

Le vélo progresse ainsi significativement dans nombres de villes et de territoires car il offre de nombreux avantages : climat, environnement, santé, économies, résilience, temps de trajet maîtrisé, etc.

Le développement des infrastructures a été déterminant pour initier ces dynamiques observées dans ces études régionales. On ne peut que regretter que des décisions récentes remettent en cause le plan vélo & marche 2023- 2027 alors que 53 % des français se disent prêts à se mettre au vélo si les infrastructures nécessaires sont aménagées, ces équipements étant indispensables pour lutter contre les accidents et la violence routière.

Les infrastructures seules n’expliquent pas une telle progression du vélo. Aurélien Bigo souligne dans sa thèse, que lorsque nous sommes bousculés dans nos habitudes (grandes grèves, Covid 19 et ses coronapistes, par exemple), nous sommes amenés à tester d’autres mobilités, le vélo notamment. Ces événements marquants ont ainsi joué un grand rôle. Espérons que le vélo pourra se développer sans avoir à affronter de nouveaux gros désordres qui impacteront les plus fragiles. Le vélo peut être une solution aux nombreux français en précarité de mobilité, près d’un tiers des adultes sont touchés. 40% des français ont renoncé à un rendez-vous faute de pouvoir s’y rendre.

Si malgré les baisses de budget, la tendance semble bonne, la partie n’est pas gagnée. La pratique du vélo diminue fortement chez les seniors et s’effondre chez les enfants et adolescents. Dans les années 80, 60% des enfants se rendaient à l’école à pied ou à vélo, ils ne sont plus que 30% en 2022, 2% seulement y vont à vélo. C’est un véritable enjeux de santé publique, le vélo permet en effet de lutter contre la sédentarité, de façon ludique et peu couteuse.

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En conclusion, c’est le printemps, profitons de ces belles journées pour pédaler, mais continuons aussi à nous mobiliser ! Les prochaines échéances électorales, municipales et présidentielles, seront déterminantes. D’ici là, fresquez joyeusement, sensibilisez, informez-vous, rejoignez un collectif vélo ou autre comme MDB et répondez au Baromètre vélo 2025 de la FUB pour signaler vos difficultés et vos souhaits. Que ce soit en donnant du temps, en participant aux enquêtes ou tout simplement en adhérent à association, vous pouvez devenir acteur et ainsi VOUS VOUS ENGAGEZ !