Leasing électrique : réconcilier les problèmes de fin du mois et fin du monde ?

Leasing électrique : réconcilier les problèmes de fin du mois et fin du monde ?

Promis par Emmanuel Macron en 2022, le dispositif de location longue durée de voitures électriques à 100 € par mois est enfin lancé. L’objectif : faciliter l’accès à ces véhicules dont le coût est prohibitif pour de nombreux Français (l’offre est limitée aux foyers les plus modestes) et ainsi contribuer à la décarbonation des transports qui peine à démarrer. Guillaume Bresson nous livre son analyse sur ce sujet sensible, sur le plan social, industriel et écologique.

Faciliter l’accès à ces véhicules dont le coût est prohibitif pour de nombreux Français

Une plate-forme, Mon leasing électrique, a été inaugurée à la mi-décembre par le gouvernement pour recueillir les demandes. Les clefs du premier véhicule issu de cette initiative, souvent aussi appelée « leasing social », ont été remises le vendredi 19 janvier par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Si l’on peut se féliciter de toute démarche visant à conjuguer réduction des inégalités et enjeux climatiques, il convient de regarder plus précisément les conditions d’accès et les effets attendus pour juger de son efficacité.


Tout d’abord, un petit rappel sur ce que contiennent ces contrats de location, subventionnés par l’État à hauteur de 13 000 € par véhicule. Il s’agit d’un engagement renouvelable pour une durée d’au moins 3 ans, incluant ou non une option d’achat à l’issue du contrat. Ce dernier doit, à minima, inclure 12 000 km par an sans frais supplémentaires. Enfin, le coût des loyers est d’environ 100 € par mois pour les petits modèles, voire moins pour les mini-citadines, et monte jusqu’à 150 € pour les plus grosses voitures. Par ailleurs, ces tarifs de base n’intègrent aucune des options que l’on retrouve classiquement dans des locations longue durée (entretien, assurance, etc.), qui viendront donc en sus du loyer de base. Le dispositif prévoit la validation de 25 000 dossiers cette année et pourrait être revu à la hausse au vu de la demande.

(Mise à jour de la rédaction : Le dispositif a été victime de son succès puisque tous les dossiers ont été validés en moins d’un mois.)


Ces offres sont conditionnées par un revenu fiscal de référence par part qui doit être sous la barre des 15 400 €. Les personnes demandeuses de la subvention doivent aussi pouvoir justifier d’une utilisation importante de la voiture dans le cadre de leur travail (résidence à plus de 15 km du lieu de travail, plus de 8 000 km par an en lien avec son activité professionnelle), ce qui exclut, dans un premier temps, les personnes sans emploi, les étudiants ainsi que les retraités. Le gouvernement cherche ainsi à maximiser l’impact écologique en visant les plus gros rouleurs à faible revenu, qui sont davantage équipés de motorisations vieillissantes globalement plus émettrices de gaz à effet de serre (GES).

En 2019, 38 % des ménages les plus pauvres avaient un véhicule classé Crit’Air 4 ou plus, contre seulement 10 % pour les ménages les plus aisés.

Pour comprendre cette volonté d’électrification du parc automobile, rappelons que la voiture représentait, à elle seule, presque 16 % de l’ensemble de nos émissions de GES territoriales en 2021.

Le remplacement de l’ensemble des voitures thermiques par des électriques n’est ni possible ni souhaitable

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Leasing Electrique – le dossier par « La Fresque de la Mobilité »


Alors doit-on s’attendre à voir les émissions de GES des transports enfin chuter en 2024 ? Avec 25 000 nouveaux véhicules électriques sur plus de 35 millions de thermiques (hors professionnels) en France, l’effet risque d’être dérisoire. Si l’on se concentre sur les 20 % de Français les plus modestes, principaux concernés par ces mesures, ils totalisaient environ 4,5 millions de voitures thermiques en 2019 (presque 2 fois moins que pour les 20 % les plus riches). Ainsi, la subvention de l’État cette année peut aider à renouveler un peu moins de 0,6 % de ce parc dans le cas d’une substitution stricte contre une essence ou un diesel. Ce critère n’est d’ailleurs pas exigé pour profiter de l’aide à la location : le foyer peut ne pas être motorisé au préalable ou conserver son ancien modèle.

Dans tous les cas, le remplacement de l’ensemble des voitures thermiques par des électriques n’est pas souhaitable. La production de ces dernières nécessite d’importantes quantités de minerais, dont l’extraction et l’affinage sont particulièrement polluants et nocifs pour les écosystèmes concernés. De plus, une forte pression s’exerce au niveau international sur la disponibilité de ces minerais dans le cadre de la transition énergétique.

Afin de limiter ces effets indésirables, la meilleure solution reste de favoriser les transports collectifs et les modes actifs (marche, vélo) et, lorsque cela n’est pas possible, de viser des véhicules électriques les plus légers possibles (et donc moins demandeurs en minerais). À cet égard, le dispositif de location longue durée ne procède à aucune vérification sur la disponibilité d’alternatives à la voiture sur les trajets professionnels utilisés pourtant comme critère d’éligibilité.

« la mise en place concomitante de ce « leasing social » avec l’augmentation de presque 10 % de la facture d’électricité décidée par le gouvernement risque de peiner à convaincre les plus réfractaires de passer à l’électrique »

De nombreux modèles sont proposés à la location par le dispositif Mon leasing électrique, malgré quelques restrictions sur le poids des voitures autorisées (qui doit être inférieur à 2,4 t) et sur leur score environnemental, score qui, rappelons-le, avantage les autos produites dans l’Union européenne. L’offre va donc de la mini-citadine (Renault Twingo E-Tech, Fiat 500e, etc.) au SUV (Peugeot e-2008, Jeep Avenger, etc.), là où il aurait été possible de limiter le choix à de très petits gabarits. Enfin, l’initiative n’est pas restreinte qu’à du neuf, mais seuls les véhicules d’occasion de moins de 3 ans et demi sont éligibles à une aide de l’État. En pratique, la communication s’est essentiellement axée autour des propositions faites par les constructeurs sur le neuf, qui ont ainsi bénéficié d’un joli coup de pub à moindres frais. Une logique qui favorise de fait la production de nouveaux véhicules plutôt que la réutilisation.


À défaut d’avoir un impact significatif sur les émissions de GES, l’initiative apporte une réponse partielle à l’exclusion des ménages les plus modestes des ZFE (Zones à faibles émissions) déployées, ou en cours de déploiement, un peu partout dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants et qui interdisent progressivement les voitures les plus anciennes. Pour autant, la mise en place concomitante de ce « leasing social » avec l’augmentation de presque 10 % de la facture d’électricité décidée par le gouvernement risque de peiner à convaincre les plus réfractaires de passer à l’électrique.

Les bons conseils de nos animateurs # 4 !

Qui dit Fresque de la Mobilité, dit cartes et … plateau de jeu !

Vous avez réussi un super Ice Breaker et vos participants ont la banane, le regard curieux et l’envie d’apprendre !

D’un seul coup, vous les sentez un peu dans la confusion, les réponses sont hésitantes, ils hésitent où placer les cartes. Au lieu de s’intéresser au message de la carte et d’en débattre, ils se focalisent sur le placement de la carte qui ne leur semble pas logique …

Argh !!! La boulette ! Vous êtes parti un peu vite !

1 – N’oubliez pas de bien présenter le plateau de jeu !

Une astuce qu’ont les profs et les consultants : posez des questions !

– « Qui peut me décrire le plateau de jeu ? »
– « Combien y-a t’il de parties ? »
– « Qu’est-ce que cela veut dire : part modale ? »
– « Que représentent ces rectangles de couleur ? »
– « Pourquoi y-a t’il deux frises pour les parts modales ? »
– « Qu’est-ce qu’un impact écologique ? »

Une fois que les participants ont bien compris l’organisation du plateau de jeu, ils sont beaucoup plus rassurés et s’investissent dans le contenu des cartes !

Crédit image : Freepik
2 – Deuxième astuce pour éviter que vos participants ne perdent un temps inutile à leur réflexion : précisez que c’est le titre de la carte qui va déterminer le placement !

Quand les participants lisent le verso de la carte, ils discutent et débattent c’est super ! Mais quand vient le moment de la placer, ils investissent une énergie peu utile.
Une fois qu’ils ont compris que c’est le thème (le titre) de la carte qui permet de la placer, ils décident plus facilement entre part modale et impact.

Bonnes fresques !

Les bons conseils de nos animateurs # 3 !

3 Ice Breakers qui marchent !

Le succès d’une fresque réside dans les détails.
Un Ice Breaker proposé aux participants peut faire toute la différence entre un super atelier intéressant sur la mobilité des français et un atelier canon où les débats et les échanges sont riches et constructifs, avec des tonnes de connaissances partagées !!!

Voici 4 bonnes raisons de faire un Ice Breaker (et pas seulement un tour de table : nom, prénom, métier) :

1- Un Ice Breaker brise la glace …

Il permet de faire tomber les barrières entre les participants, génère de l’émotion, de la confiance, l’envie de partager. Un sourire, c’est quand même un peu magique !

2- Un Ice Breaker ouvre la boîte à créativité.

La baisse du stress, la complicité, l’empathie et la bienveillance sont les conditions nécessaires à la créativité, et il en faut pour changer notre mobilité et ses impacts.

3- Un Ice Breaker crée l’engagement.

Si l’introduction est réussie, les participants trouve un supplément de motivation et d’intérêt pour se lancer dans l’atelier. Vos participants sont plus concentrés et plus ouverts.

4- Un Ice Breaker vous fait gagner du temps.

Comme vous êtes au clair sur votre groupe, vous pouvez vous appuyer sur certaines expertises, répondre aux attentes, anticiper les objections et vous adapter au contexte professionnel le cas échéant …

Crédit : George Chambers – Pexels

Voici 3 Ice Breakers qui marchent !

Partager un secret !
« Dites nous une chose que personne ici ne connait, sur vous et votre mobilité ! »

Selon les participants, vous pouvez assister à des témoignages très touchants ou très drôles sur des anecdotes personnelles. Comme c’est un secret tout en étant spécifique au thème de l’atelier, les participants se lâchent un peu : « j’ai pris l’avion pendant 40 ans comme un malade mais … – avec mon mari on se déplace tout le temps en vélo, il nous est arrivé un truc de malade … – l’autre fois sur l’autoroute, j’ai dû … – pas très drôle mais pour moi, faut que ça change parce que … – j’ai 15 voitures dans mon garages, mais … »

Comment ça va ?
« Comment va votre mobilité ? »

On attaque sur les émotions avec le « – Comment ça va ? ».
On prend ici le pouls du groupe, la mobilité est-ce :
une source d’angoisse : un enjeu environnemental, un coût exorbitant, une perte de temps, une injustice, un changement ineluctable et incompréhensible…;
une curiosité : les ordres de grandeurs, les innovations; la réglementation;
une envie : de comprendre, d’apprendre, de partager, de se mobiliser…;
une contrainte : bouchons, coût, complexité…;
C’est souvent tout à la fois, idéal pour se reconnaître et pour mettre des mots sur ses maux.

Combien ?
« Combien les français parcourent-ils de kilomètres chaque année ? »

Choisir un chiffre clé, un ordre de grandeur, une anecdote qui vous a vous particulièrement marqué(e) est idéal pour susciter l’envie d’en savoir plus.

La réponse à la question « Combien les français parcourent-ils de kilomètres chaque année ? » est : 1 000 milliards de kilomètres.

Cherchez la stats qui vous amuse et partagez la !


Emissions de gaz à effet de serre & impact climatique de la mobilité des français : Mise à jour de l’enquête de la SDES

Le service données et études statistiques (SDES) du Ministère de l’environnement a récemment mis à jour l’enquête mobilité des personnes de 2019. Cette enquête est une photographie de la mobilité des français juste avant la pandémie de Covid.
Analyse d’Erwan Caro.

Emissions de gaz à effet de serre & impact climatique de la mobilité des français : Mise à jour de l’enquête de la SDES 

Le SDES a enrichi son étude par une évaluation des émissions de gaz à effets de serre de la mobilité (en fait le forçage radiatif), en prenant en compte les effets hors CO2 des avions (trainées de condensation notamment) ainsi que la production d’énergie en amont (raffinage, production d’électricité).
Ces évaluations ne prennent pas en compte la construction des véhicules et des infrastructures. Les hypothèses sont détaillées dans cette note méthodologique.

Le SDES a affiné son évaluation en tenant compte du taux d’occupation des véhicules et des surémissions à froid.

L’impact des émissions hors CO2 des avions est considéré. Il s’agit de phénomènes physico-chimiques qui ont un impact sur le climat mais qui ne sont pas liés à la combustion du carburant. Les trainées de condensation sont le plus connu d’entre eux. Il s’agit encore d’un sujet de recherche et la valeur est également dépendante de la métrique retenue (pouvoir de réchauffement global, pouvoir de changement de température ou indice de forçage radiatif). Ce qui est certain, c’est qu’il est impossible de ne pas prendre en compte ces effets. Le SDES retient l’hypothèse de l’ADEME (pouvoir de réchauffement global et facteur multiplicatif de 2) en ajoutant la production et le transport de carburant et en distinguant les vols court, moyen et long courrier.

Ces calculs permettent d’évaluer l’impact climatique total de notre mobilité de manière plus fine, et on trouve des résultats intéressants.

On peut par exemple comparer l’impact sur une année de la mobilité locale des français, et notre mobilité longue distance (à plus de 80 km à vol d’oiseau du domicile). Et l’on voit que l’impact climatique n’est pas très loin de la moitié, pour un nombre très faible de déplacements (moins de 1% du total).

Impact climatique de la mobilité des français

On peut ensuite décomposer cette mobilité entre modes de transport, et l’on voit bien sûr que la voiture est présente à la fois en mobilité locale et en longue distance. 

Si on regarde la mobilité locale, la voiture est archi-dominante : 95% de l’impact climatique.

C’est assez normal, les autres modes (le train, le métro, le tramway) sont très peu émissifs, peu populaires ou ne permettent de parcourir dans la population qu’un faible nombre de kilomètres.

Si l’on s’intéresse maintenant à la mobilité longue distance, on observe que le forçage radiatif vient au deux-tiers de l’avion, et un tiers de la voiture. Les autres modes de déplacements ont un impact climatique négligeable même s’ils réalisent une fraction significative des kilomètres parcourus.

Au total, en combinant la mobilité locale et la mobilité longue distance, la voiture est le premier contributeur en termes d’impact climatique, pour un peu plus des 2/3 :
Le deuxième contributeur est l’avion, pour un petit peu plus du quart du forçage radiatif.

Les autres modes de transport (moto, scooter, bus, car, train, métro, tramway) n’ont quasiment pas d’impact.

Cela est dû à la très grande performance des déplacements ferrés (le contact rail acier – roue acier), une électricité très décarbonée ou encore un faible nombre de kilomètres parcourus au final (scooters, motos).

Veli*, quel rôle dans la mobilité de demain ?

Interview de Benoît Tholence, Fondateur de Sanka  et co-fondateur de l’association Aveli, Animateur de la Fresque de la Mobilité par Célia Corneil.

Bonjour Benoît, tout d’abord, peux-tu te présenter ? 

Bonjour, alors j’ai plusieurs casquettes, j’ai presque un Bob on pourrait dire ! 

Je suis Benoît Tholence et je suis en train de créer une structure qui s’appelle Sanka Cycle. C’est un projet que je mène depuis 3 ans. L’objectif de Sanka Cycle est d’offrir une alternative à la 2e voiture, là où il n’en existe pas ou peu, c’est-à-dire plutôt en dehors des grands centres urbains.
Au sein des espaces urbanisés, il existe déjà des alternatives à la voiture, en particulier à la possession d’une deuxième voiture, c’est pourquoi on se focalise sur les périphéries et les zones peu denses, éventuellement les petites villes. Les personnes-cibles sont celles qui réalisent un trajet d’environ 10 kms ou moins. Notre solution : proposer un véli* sous la forme d’un vélo quadriporteur, qu’on a dénommé « Bob », telle que ça existe déjà dans les normes, mais qui n’existe pas encore sur nos routes. 

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Description générée automatiquement

Ma deuxième casquette est celle de co-fondateur de Aveli, l’association des Acteurs des Véhicules Légers Intermédiaires, qui a pour vocation de représenter cette nouvelle filière naissante en France, et en Europe en général.

* Avant de présenter en détail Aveli, peux-tu nous définir ce qu’est un Véli ?

J’aime définir le Véli de 2 manières :  

  • Par la technique :un Véli est tout type de véhicule se situant entre la voiture classique et le vélo. Cela intègre des engins de mobilité qui existent déjà :
    • Des petites voitures sans permis, des voiturettes de plus en plus électriques comme la Twizy de Renault, l’AMI de Citroën, la Biro. Ce sont des petites voitures en recherche de sobriété : allégées, moins de place, moins de coffre, moins large. 
    • De l’autre côté du spectre, côté vélo, on a fait l’inverse en agrandissant le modèle de base pour élargir les usages : plus de chargement, plus de place ou plus de stabilité avec une 4e roue par exemple. On va retrouver dans cette catégorie les speed bikes, les vélos- cargos qui demeurent encore « des ovnis » en dehors des grandes villes, …
  • Par son objectif : les Vélis sont des véhicules qui proposent une alternative plus légère à la voiture classique. Le Véli a pour objectif de remplacer la voiture, en proposant une mobilité individuelle plus sobre.

C’est donc une catégorie intermédiaire, un peu « fourre-tout », une filière au sein de laquelle il y a actuellement beaucoup d’innovation. L’objectif, c’est de réussir, dans les prochaines années, à cocher la bonne case qui permettra de casser l’hégémonie de la voiture

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Les véhicules intermédiaires. Source : Frédéric Héran 

Comment est apparue cette mouvance du Véli, quelle est la genèse de ces « ovnis » ? 

Alors, il me semble que le tout premier à avoir évoqué le véhicule intermédiaire était Francisco Luciano au sein d’un rapport du Shift Project qui s’appelait Décarboner la mobilité dans les zones de moyenne densité, en sept.2017. Il y a aussi eu les travaux de recherche précurseurs de Frédéric Héran qui a essayé de catégoriser et d’expliquer cette dynamique. Ensuite, Aurélien Bigo popularise le terme et Jean-Marc Jancovici le relaie. 

Du côté des pouvoirs publics, la reconnaissance vient de l’ADEME, avec le concours de l’eXtrême Défi, un programme d’accompagnement innovant qui corrèle financement, entraide, différents appels à projets, création d’un écosystème (fabricants, collectivités, …). L’eXtrême Défi a débuté en 2022, avec un cycle d’appel à projets sur l’idéation, puis le prototypage, et qui va se poursuivre en 2024 sur le pan industrialisation. Ce cycle va se répéter plusieurs fois avec l’objectif d’engager un maximum d’acteurs dans le développement de nouveaux véhicules légers, simples et peu onéreux. 

Comment est née l’association Aveli

Il y avait déjà des groupes de discussions informelles, l’eXtrême Défi a permis de mieux se connaître et, milieu 2023, le sujet a été relancé, avec pour objectif de faire reconnaître les Velis et l’écosystème qui les entoure, d’être plus visible et de peser sur les décisions qui touchent la filière, notamment auprès des instances nationales. 

Sur le site d’Aveli, on peut voir que votre mot d’ordre est « les acteurs des Vélis sont réunis par leur volonté commune d’œuvrer à la généralisation d’une mobilité quotidienne des personnes et des marchandises plus respectueuses de notre santé, de notre environnement et compatible avec la neutralité carbone à 2050. » Comment les Vélis peuvent-ils faire bouger les lignes sur la question de la mobilité des marchandises, de la logistique ? 

Avec l’avènement des ZFE, les camions ne seront plus les bienvenus dans une vingtaine de centres urbains. Il existe déjà des offres de petits véhicules type fourgon, fourgonnette mais l’objectif des Vélis est d’enrichir cette offre avec des véhicules agiles et peu polluants. L’objectif est bien d’élargir autant que possible l’offre de véhicules existants. Par exemple, les gros vélos à quatre roues existent beaucoup en Allemagne mais peu en France. 

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Lyon- Un million de colis déjà livrés par vélo-cargo en centre Presqu’île avec le programme ColisActiv, Le Progrès, 12 oct. 2023

Pour toi, quels sont les apports du Veli à cet objectif de neutralité carbone à horizon 2050 ? 

L’enjeu n’est pas juste d’électrifier un parc automobile en France, mais comme le dit Aurélien Bigo « la voiture électrique est l’avenir de la voiture mais la voiture n’est pas l’avenir de la mobilité ». 

Il faut donc de manière simultanée développer des véhicules plus légers ET repenser les usages de la voiture (questionner la propriété des véhicules, l’autosolisme, …). En faisant cela, on en vient à penser des modèles économiques différents

Chez Sanka Cycle par exemple, nous avons décidé de proposer exclusivement notre Bob en Location Longue Durée (LLD), afin que la barrière à l’entrée soit la plus faible possible. Louer un véhicule innovant apparaît une option plausible pour beaucoup de personnes. A l’inverse, acheter un véhicule aux alentours de 12 000 €, cela paraît tout de suite beaucoup plus compliqué. 

Ensuite, l’objectif des Vélis est de maintenir notre capacité de déplacement en diminuant les ressources utilisées et les émissions de GES. Pour donner des ordres de grandeur, on peut regarder la capacité des batteries : 

  • Un gros vélo cargo : 2kWh maximum
  • Un Véli : entre 5 et 15 KWh
  • La Zoé : 52 kWh

Cela montre que même l’une des plus petites voitures électriques est toujours trop grosse. 

Selon toi, quels sont les défis majeurs de la filière ?

Il n’y en aura pas ! (Rires)

Je ne les cite pas forcément dans l’ordre d’importance, selon moi il y aura : 

  • Un défi de reconnaissance, notamment au niveau des instances publiques. Il faut absolument connaître les Vélis pour pouvoir se projeter dans l’usage de ces véhicules. 

    Je donne un exemple : j’ai échangé récemment avec un agent d’une collectivité locale, qui était en charge de la redistribution des aides à l’achat de véhicules. Cette personne réfléchissait à la mise en place d’une aide à l’achat sur les Vélis. Sa première crainte était de financer des quads. Puis, sa deuxième réflexion a été de dire que les Vélis « ne peuvent pas remplacer la voiture car on ne peut pas aller sur l’autoroute avec ». Ça montre une méconnaissance des besoins et des usages quotidiens d’un véhicule (a-t-on massivement besoin d’aller sur l’autoroute au quotidien ?). 

    Il faut changer le paradigme et faire reconnaître auprès du plus grand nombre qu’une voiture n’est pas toujours nécessaire au quotidien. 
  • Un défi règlementaire, qui rejoint le défi de reconnaissance, au niveau des instances nationales cette fois-ci. Aujourd’hui, les cycles à 4 roues ne sont pas autorisés sur les pistes cyclables. L’homologation des Vélis entre dans la catégorie L, qui comprend tout un tas de véhicules avec une dizaine de catégories, allant du quad, aux motos à trois roues jusqu’aux voitures sans permis. Cette homologation est définie en fonction de la vitesse des véhicules, du poids, du permis, du nombre de roues… Ces catégories ne correspondent pas aux usages pour remplacer la voiture.  Au niveau européen, il existe des bridages sur les motorisations en fonction du véhicule. Il faut alléger la règlementation pour les véhicules légers et arrêter de dérouler le tapis rouge à la voiture. 
  • Un défi de financement : Par définition, un projet de nouveau véhicule est un projet industriel. Aujourd’hui, il est très difficile de financer ce genre de projet car ils nécessitent une grosse mise de départ et un retour sur investissement assez lent. N’importe quel investisseur privé préfèrera moins prendre de risque et financer une entreprise numérique. Or on le sait, même si certaines entreprises du numérique améliorent notre façon de nous déplacer (on pourrait donner l’exemple de BlaBlaCar sur le covoiturage ou de Getaround pour l’autopartage entre particulier), on sait que ça ne suffira pas. Nous avons besoin de candidats réels à la voiture individuelle. Et pour ça, il faut être capable de faire des paris sur l’avenir et de financer le temps long, car industrialiser un nouveau véhicule, même un gros vélo, ça prend du temps !

    Heureusement, des fonds d’investissements privés commencent à le comprendre !
  • Un défi industriel : On a besoin d’industrialiser le processus de déploiement du Véli. Cependant, on n’a pas forcément besoin des constructeurs automobiles tels qu’on les connait aujourd’hui, avec un raisonnement porté sur le bénéfice au détriment de l’impact. D’ailleurs, les équipementiers automobiles qui s’intéressent au vélo ou au Véli, le font car cela devient stratégique pour eux, et ils produisent des engins qui ressemblent plutôt à des voitures (l’AMI, la Twizy, le Kleuster un gros vélo cargo de livraison, …). Je ne pense pas qu’il faille craindre un positionnement de ces acteurs sur le Véli, au contraire, il faut les voir comme des alliés dans la démocratisation des Vélis. Par exemple, quand Decathlon s’est mis à faire un vélo de ville et des longtail, cela a certes tiré le marché vers le bas (en termes de prix et aussi en termes de qualité), mais cela a eu un effet de démocratisation hors norme. Et il y aura toujours des personnes intéressées pour acheter autre chose que Decathlon. Il faut donc tirer le meilleur de l’industrie automobile pour faire évoluer le produit Véli et le rendre accessible et ainsi réellement challenger la voiture. 

Dernière question, comment abordes-tu les Vélis au sein de la Fresque de la Mobilité ? 

La Fresque apporte des leviers d’actions pour agir dès maintenant, et le Véli n’est pas encore une réalité. Dans le cadre de l’eXtrême Défi, nous avons animé des fresques adaptées au programme, avec une carte vélo cargo et une carte micro-voiture, dans les cartes des leviers individuels. Il y avait aussi une carte supplémentaire pour la Fresque à destination des collectivités, toujours dans le cadre de l’eXtrême Défi, sur « rendre l’avènement des véhicules intermédiaires possibles » : leur donner une place pour le stationnement, l’usage de voie cyclable, …Ce test avec l’ADEME avait vocation à être élargi à une future version de la Fresque des Mobilités, notamment dans les profils, à garder en tête pour l’avenir 😉

Le Collectif Pro : des pros au service des pros

Le Collectif Pro : des pros au service des pros

Depuis désormais plus de 2 ans, nous avons la grande joie de voir grandir parmi la communauté des anims’, une escouade de fresqueurs et fresqueuses « professionnel.le.s ». Ces Pros proposent des ateliers à titre commercial aux organisations publiques ou privées, pour accélérer la sensibilisation et la prise de conscience de la décarbonation de la mobilité de leurs employé·e·s.

A quel titre faisons-nous appel aux pros ? Comment cette équipe est-elle organisée ? Quelles garanties pour vos ateliers ? Décryptage :

Expérience et Formation spéciale

Toute personne ayant bénéficié d’une formation à l’animation de la fresque de la mobilité peut devenir Pro. Mais pour cela, il faut répondre à plusieurs critères.

Tout d’abord il faut avoir une connaissance préalable des enjeux climatiques, en ayant au moins assisté à une Fresque du Climat.

Ensuite, il faut suivre un cursus de formation complémentaire d’au moins 4 heures à la formation dite « bénévole citoyenne ». Une formation « expert » de 7 heures permet de compléter les connaissances des candidats sur les enjeux de la mobilité décarbonée mais ce n’est pas obligatoire. Tous les programmes de formation sont disponibles ici

Enfin, il faut avoir animé au minimum 4 ateliers de la Fresque de la Mobilité, dont 2 en co-animation et/ou en coaching.

Des ateliers sur mesure

Les anims’ Pro peuvent vous proposer des ateliers de la Fresque de la Mobilité qui répondent à vos attentes et à vos particularités. En effet, l’association a développé des options à l’atelier citoyen qui permettent d’actionner des leviers de décarbonation « collectifs » propres aux entreprises et aux collectivités territoriales. En fonction des actions déjà engagées en la matière par les organisations intéressées, les anims pro adaptent le contenu de ces options et leur durée. Ce qu’il n’est pas possible de faire dans le cadre d’un atelier bénévole citoyen.

Statut : indépendant ou salarié

Le Statut de pro est réservé aux consultant·e·s indépendant·e·s et aux salarié·e·s qui délivrent des ateliers en interne ou à destination de leurs propres clients. Ainsi, il est possible d’ajouter les ateliers de la Fresque de la Mobilité dans les catalogues de service des entreprises, qui choisissent de former des anims Pro.

Chaque anim pro indépendant ou chaque entreprise employant des anims pro doit reverser 10 % du chiffre d’affaires hors taxes généré par la commercialisation des ateliers à l’association « Les Shifters ». Cela permet à l’association de financer les travaux nécessaires de recherche, de mise à jour et d’amélioration des outils pédagogiques.

Un maillage national et une sélection par critères

Plus de 150 anims’ pro sont aujourd’hui disponibles sur l’ensemble du territoire. Vous pouvez faire appel à ces pros directement sur notre site web. Dans ce cas, votre demande est ensuite transmise par messagerie interne à un collectif, constitué des Pros qui ont signé la charte « Collectif Pro ». Les membres de ce collectif candidatent à votre demande en fonction de plusieurs critères : leur connaissance de votre secteur ou de votre organisation, leur proximité géographique, leur capacité à organiser des déploiements importants, etc… Et vous recevez une réponse dans les 72 heures.

La charte implique un certain nombre d’obligations et de contributions au développement de la Fresque de la Mobilité, parmi lesquelles, l’engagement de chaque membre du collectif, de proposer des ateliers bénévoles réguliers à l’association et de participer activement à des groupes de travail permettant d’améliorer les process ou les contenus des ateliers.

Voilà, vous savez quasiment tout sur ce dispositif, et nous espérons que vous pourrez bénéficier de l’apport de cette équipe de Pros à vos enjeux de sensibilisation vers une mobilité décarbonée.

Les bons conseils de nos animateurs !

Savoir se mettre en retrait pour favoriser la richesse des débats

Témoignage de V, animateur depuis le 1er juillet 2023

Equipe NL FDM : « Alors V, comment se passe ton parcours en tant qu’animateur ? »

V : « Ça y-est, j’en suis à ma douzième fresque ! Pas une barre de fer, mais pas loin ! J’ai jeté l’antisèche, j’ai le plateau de jeu nickel, les cartes dans la pochette trieur, les post-it de couleur, les feutres qui vont bien ! »

Equipe NL FDM : « Et qu’est-ce qui te plait dans l’animation de la FDM? »

V : « Ce que j’aime par-dessus tout ce sont les feedbacks à la fin de chaque animation. Quelle gratitude, quelle satisfaction d’entendre : – « J’adore la Fresque de la Mobilité, c’est super concret, c’est complet et accessible, et certainement que l’animateur y est pour quelque chose!! » Ou encore : – « Merci beaucoup pour ce super atelier, j’ai bien aimé les ordres de grandeur, j’ai appris tant de chose, j’aimerais moi aussi devenir animateur ! C’est le pied de se sentir compétent et utile; et c’est valorisant de réussir son animation ! »

Equipe NL FDM : « Tu te décrirais comme animateur expert? »

V : « Je me sens sûr de moi, je pense connaître les spécificités de chaque carte : les particules dans l’air, d’où elles viennent; les voitures électriques et le nombre de kilomètres pour amortir la batterie, l’empreinte carbone de l’avion, les SUV, patati et patata… bla bla bla… et pis ci et pis ça… »

5 minutes plus tard…

Equipe NL FDM : « Tu es vraiment expert sur les enjeux climatiques et la mobilité dis-donc ! Moi j’ai souvent du mal à garder le rôle d’animateur pendant la Fresque. Par exemple quand les participants parlent des points qui ne sont pas prioritaires, quand ils racontent un peu n’importe quoi sur la voiture électrique ou quand ils évoquent leur entreprise ou la dernière décision gouvernementale pendant de longues minutes. Tu ne trouves pas ça trop frustrant toi, de ne pas participer à tous les débats ? Moi j’ai dû mal à ne pas intervenir sur chaque carte hein ! » « Comment tu te positionnes en tant que facilitateur ? »

V : « Ben euh … ce n’est pas facile en effet… »

Equipe NL FDM : « Je suis d’accord avec toi, ce n’est pas facile de rester en retrait tant ces sujets sont passionnants. Au début, je participais à chaque débat, maintenant, je me force à n’intervenir qu’à la fin de chaque lot. Sauf si on me pose une question ou si les participants sont trop bavards et restent de longues minutes sur une carte. Tu fais comme ça toi aussi ? »

V…… : « C’est ça ouais, moi aussi, je n’interviens qu’à la fin de chaque lot ! » « Je suis facilitateur, pas participant, ça n’est pas ma fresque ! »

Conseil du mois :
Faites comme V , n’intervenez qu’à la fin de chaque lot !

Soyez complet et précis dans les consignes du début, mettez du rythme , faites tourner la parole, gardez un œil sur la montre mais rappelez-vous que le succès de l’atelier dépend de la richesse des débats … entre les participants.

Rentrée mobilité. La FDM a démarré dans les écoles !

Rentrée mobilité. La FDM a démarré dans les écoles !

La Fresque de la mobilité Kids présentée à des profs de collège

Dans le cadre du programme Libèr’tes pieds proposé par l’association Vivacité, nous avons eu l’opportunité de faire découvrir à six enseignants la fresque mobilité kids. Le but : les convaincre de se former ensuite à l’animation afin qu’ils puissent proposer cet atelier dans leur collège.  

La présentation assurée par Catherine Cattin, a eu lieu le mercredi 4 octobre au collège Jean Bullant à Ecouen (95). L’intervention s’est déroulée en deux temps : une brève présentation de la fresque de la mobilité, et des spécificités de la version junior, puis : place au jeu ! Les cartes panorama et les profils individuels ont suscité beaucoup de discussion, chacun se rapportant à ce qu’il.elle vit dans sa mobilité quotidienne (le chemin pour l’école, les actions déjà entreprises, la question de l’apprentissage à la sécurité, etc.). La qualité et la fiabilité des cartes et des informations transmises ont été appréciées tant par les enseignants que par les responsables de Vivacité. 

Nous avons eu des retours intéressants pour cette version kids : avoir le pourcentage de la part des kilomètres parcourus sur chaque carte « mode de transport » et co-créer une version Ile de France de la fresque mobilité kids. 

Finalement, les professeurs de collège ont été conquis par le format (mention spéciale pour le côté ludique des stickers) et l’atelier. Tous se sont inscrits pour suivre la formation à l’animation qui interviendra au mois de novembre prochain.

Université de Lille en pointe pour les enjeux de la mobilité !

L’Université de Lille dans le cadre de sa politique de développement durable a pour objectif de sensibiliser l’ensemble de ses personnels et étudiants sur des problématiques liées au climat et de solutions de décarbonation.

Au sein de l’IUT de Lille et de Polytech Lille, la « Fresque du climat » est déjà bien implantée, après la formation d’une cinquantaine d’animateurs, et la prochaine étape amorcée en 2023 consiste à former un nombre suffisant d’animateurs sur les « Fresque du Numérique » et « Fresque de la Mobilité », afin d’intégrer ces ateliers sur les différentes formations.

La formation des enseignants de l’IUT de Lille à l’animation de notre fresque démarre au mois de novembre.

Maël Penhoat, professeur à l’université de Lille et déjà formé à la FDM, fait bénéficier les Shifteurs et La Fresque de la Mobilité de son expertise sur les batteries.

La Fresque de la Mobilité à GEMA Lyon

Le lundi 2 octobre 2023, le Groupe GEMA Lyon a eu le plaisir d’organiser la Fresque de la Mobilité, un événement qui a réuni 48 étudiants de l’IA School et de l’ESI Business School, de la première année de bachelor à la deuxième année de master.

L’événement a été marqué par la tenue de 6 ateliers animés en parallèle par Jean Yves Jaskulski, Amelie Wallut, et Nicolas Vallin. Leurs compétences, leur expérience et leur enthousiasme ont grandement contribué à faire de la Fresque de la Mobilité une expérience enrichissante pour tous les participants.

Un aspect particulièrement inspirant était la diversité des participants. Elle a favorisé des discussions dynamiques et l’échange de points de vue variés. Les participants ont été proactifs dans leurs approches et ont démontré un véritable désir de contribuer à la recherche de solutions aux problèmes de mobilité de notre époque.

La mobilité est un domaine riche en opportunités et en défis, et l’avenir dépendra en grande partie de la créativité et de l’engagement de la nouvelle génération. La Fresque de la Mobilité a été un témoignage de l’engagement des étudiants du Groupe GEMA pour une mobilité plus durable.

Fresque de la Mobilité – Université de Nantes

Après plusieurs éditions uniquement consacrées au climat, Nantes Université a décidé de diversifier les ateliers d’intelligence collective consacrées aux thématiques environnementales.


La première Rentrée Mobilité de Nantes Université s’est donc tenue cette année.
Un sujet parfaitement cohérent pour les étudiants largement confrontés à ces questions, en particularité pour celles et ceux d’entre eux qui n’habitent pas dans de grandes zones urbaines ou qui ont opté pour une filière proposée par peu d’établissements et qui doivent donc partir de « chez eux » pour poursuivre leurs études. D’autre part, certaines filières ont dans leur cursus des périodes de stage ou d’alternances qui sont autant de demandes de mobilité pour ces mêmes publics.

Enfin, les étudiants sont majoritairement des jeunes adultes particulièrement concernés par les voyages, car généralement moins concernés par les contraintes familiales. Cette première édition concernait peu de filières et donc peu d’effectifs avec une inscription facultative et a donc touché au final une quinzaine de participants, un résultat en deçà des attentes.

De même que les premières éditions de Fresque du Climat ont abouti à des résultats plutôt mitigés, espérons que les prochaines éditions rencontreront un plus grand succès et une ambition renforcée de l’organisateur.

La Fresque de la Mobilité dans les écoles, des opportunités pour les animateurs Pros !

Un support pour proposer la FDM a été créé dans le Slack Rentrée 2023 avec des tas de conseils pour pitcher et adapter la Fresque de l’école primaire à l’enseignement supérieur.

Crédit photo école : Pixabay

Nouveau bonus écologique pour l’achat d’un véhicule électrique : changements à l’horizon

Nouveau bonus écologique pour l’achat d’un véhicule électrique : changements à l’horizon

Interview de Nicolas Planchenault, consultant en mobilité et empreinte carbone, par Célia Corneil de l’équipe Newsletter de la Fresque de la Mobilité.

Nouveau bonus écologique, quels sont les changements apportés par le gouvernement par rapport au bonus précédent ?

Le précédent format du bonus écologique, aide financière accordée par l’Etat lors de l’achat d’un véhicule, considérait comme « écologique » l’ensemble des véhicules électriques (VE).

A partir de janvier 2024, c’est un changement de paradigme qui s’opère :
– Tous les véhicules de plus de 2,4t sont exclus d’office.
– Pour les VE ayant un poids inférieur, les constructeurs devront calculer une note environnementale sur la fabrication du véhicule, qui se base sur une méthodologie proposée par l’Ademe.

La fabrication uniquement ?

Oui pas tout le cycle de vie, c’est-à-dire que cela exclut la consommation de carburant, la maintenance, la fin de vie, et ça ne prend pas en compte, de façon quantitative du moins, la durée de vie du véhicule.

Que penser de la méthodologie Ademe ?

La méthodologie Ademe propose de calculer une empreinte carbone simplifiée (appelée “EC”) du véhicule pour sa fabrication, et une conversion en note environnementale.

Concrètement, la méthodologie découpe la voiture en différents matériaux/composants :
– Acier, aluminium, autres matériaux
– Batterie
– Assemblage du véhicule (« transformation intermédiaire » : on prend toutes les pièces et équipements et on assemble le véhicule)
– « Transport du véhicule » une fois ce dernier assemblé.

L’empreinte carbone (EC) est d’abord calculée pour chacun de ces composants. Cela permet d’obtenir l’EC totale, à partir de laquelle est déduite la note environnementale. Le bonus écologique est lié à la note environnementale ainsi obtenue.

Aujourd’hui, la note environnementale différencie deux types de véhicules :
– Type 1 : 5 places, avec une certaine autonomie et un espace assez confortable au niveau du coffre[1] : véhicule assez standard.
– 2. Type 2 : tous les véhicules ne respectant pas ces critères. De ce fait, les véhicules n’ayant pas 5 places doivent avoir une empreinte carbone 40% plus faible pour obtenir le bonus écologique. Ex : une Dacia Spring de chez Renault (4 places, fabriquée en Chine).

Le revers de la médaille est que le bonus écologique est donc plus exigeant avec des véhicules potentiellement plus petits (moins de 5 places).

Par ailleurs, la note environnementale est aujourd’hui « tout ou rien » : en-dessous d’une certaine empreinte carbone, la voiture est éligible au bonus, au-dessus elle ne l’est pas.

Autre point majeur, le lieu de fabrication et le transport sont prépondérants dans le calcul de la note environnementale, ce qui sanctionne de fait les délocalisations. L’attribution du bonus écologique aux VE est donc de fait un outil environnemental mais aussi de politique industrielle.

L’intérêt est que tout ce qui est produit en France (ou plus largement en Europe) à des émissions de GES globalement plus faibles que dans les autres pays du monde pour deux raisons :
1 – La production est locale ce qui implique donc moins de transport du produit achevé.
2 – La production française s’appuie sur une production d’électricité qui est bas carbone.

Doit-on voir ce bonus comme une politique industrielle uniquement dans ce cas ?

Les VE sont beaucoup plus construits à l’étranger et notamment en Chine que les véhicules thermiques. Cela s’explique par le fait que la grande majorité des batteries, élément majeur des VE, est produite en Chine. Par ailleurs, les VE sont plus faciles à construire, donc plus faciles à produire dans de nouvelles usines. Et enfin, la production d’un nouveau véhicule est toujours une occasion de rebattre les cartes pour les constructeurs, et donc de changer d’usine, et donc de délocaliser.

De ce fait, il faut plutôt voir ce bonus comme un double avantage :
– Cela encourage les constructeurs à faire des choix qui vont réduire les émissions de GES en vue d’avoir le bonus.
– Comme l’Europe et la France sont avantagées par ce bonus, cela peut contribuer à relocaliser la filière.

S’il n’y avait pas cette politique industrielle associée, il n’y aurait probablement jamais eu ce bonus écologique et cette note environnementale. L’un contribue à l’autre, et cela peut être positif sur les deux aspects, relocalisation de la production d’une part et diminution des émissions de GES induits par la fabrication des VE d’autre part.

Est-ce un avantage donné à la production française ou plus largement européenne ?

Bonne question. Dans la méthode, il n’est pas fait de différence entre les pays européens sur le plan de la fabrication de la plupart des composants. L’Europe dans son ensemble a un avantage par rapport à la Chine par exemple, cela gomme l’avantage d’une production française par rapport à une production dans d’autres pays européens, associée à notre électricité peu carbonée.

Par exemple, la batterie de la Renault Zoé est fabriquée en Pologne, pays dont les émissions de GES de la production d’électricité sont très mauvaises. Pour autant, l’empreinte carbone de la batterie sera donc la même que si elle avait été produite en France.

En parallèle, côté transport, globalement plus la voiture vient de loin plus cela a un impact significatif. Cependant, faire venir une voiture de Roumanie par camion a à peu près le même impact environnemental que le trajet d’un port chinois au port de Marseille.

Que peut-on attendre de la mise en œuvre de cette notation environnementale ?

On peut attendre une réelle réduction de l’empreinte carbone des VE. Le gouvernement, la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat), et l’Ademe maîtrisent aujourd’hui ce type de méthodologie et possèdent le retour d’expérience du secteur photovoltaïque où l’empreinte carbone des produits a été réduite. Ça a mis du temps à se mettre en place dans les premiers temps, mais c’est désormais acquis et les fabricants se réorientent vers des pays où la production est plutôt bas carbone pour fournir le marché français.

Y a-t-il des améliorations/ évolutions qui pourraient advenir sur cette notation environnementale ?

Pour le moment, la notation n’est pas trop excluante. Une fois l’outil mis en place, il y a moyen de pousser petit à petit pour être plus précis dans la méthode d’une part et être plus exigeant d’autre part.

Parmi les pistes d’améliorations, il y a la meilleure prise en compte de la réparabilité des véhicules. Par exemple, les modèles de Tesla sont des véhicules coulés d’une seule pièce, une conception très pratique sur le plan industriel et sur celui de la structure de la carrosserie. En revanche, il est impossible de remplacer des parties du véhicule. Un gros souci de réparabilité donc…

La note environnementale inclue actuellement jusqu’à 30% d’éléments « relatifs à l’incorporation de matériaux recyclés et biosourcés dans le véhicule, ainsi que la réparabilité de la batterie », sans précision sur les critères quantitatifs. Il s’agit donc d’affiner la notation sur ce point. Pas uniquement sur la batterie mais aussi sur l’ensemble du véhicule. En effet la durée de vie des batteries a longtemps été considéré comme inférieur à celle du véhicule. Or, il semble que finalement la durée de vie des batteries est très bonne.

La méthodologie est probablement appelée à évoluer. Une affaire à suivre !


[1] 200L de coffre, 170km d’autonomie (WLTP).

Définitions :

 EC : empreinte carbone Ademe. Pour rappel une empreinte carbone calcule uniquement les émissions de GES. La méthodologie donne une image simplifiée de l’empreinte environnementale d’un véhicule : prise en compte des impacts climat uniquement, simplification des données sur le véhicule, empreinte de chaque composant simplifié.

VE : véhicule électrique

Crédit Image : https://www.economie.gouv.fr/cedef/bonus-automobile – © RoadLight – Pixabay

Portrait d’animatrice : Aurélie Quercia

Portrait d’animatrice : Aurélie Quercia

Motivée, elle aussi, à accompagner les animateurs du Haut-Rhin, Aurélie Quercia est devenue référente locale tout récemment : rien de tel qu’une co-animation en présentiel pour aider à prendre confiance et à se lancer !

Qui es-tu et comment as-tu découvert la Fresque de la Mobilité ?

Après avoir fait beaucoup de km en voiture et en avion en tant que responsable médicale régionale, j’ai décidé de “shifter” et de me reconvertir dans le conseil pour la transition écologique, en reprenant des études. Je me suis formée à plusieurs fresques, et j’ai tout de suite adoré la Fresque de la Mobilité, parce que les participants en ressortent généralement très motivés ! Je suis maintenant membre du nouveau collectif pro et investie dans le groupe de travail.

Tu voulais partager une anecdote d’animation avec nous…

Oui ! J’ai participé à bon nombre d’animations communales dans les villages du département, notamment lors des semaines du développement durable, de la mobilité douce, etc. Pour y aller, c’est un défi ! la voiture – en covoiturage – est souvent incontournable.

Parfois, le partage d’expérience des participants se révèle vraiment inspirant. Je me rappelle cette fois où l’une d’entre elle a raconté aux autres comment, privée de voiture, elle a créé des liens très forts avec ses collègues en allant vers eux pour savoir s’ils habitaient à proximité et pouvaient la dépanner. Au point qu’elle a ensuite renoncé complètement à la voiture pour nombre de ses trajets. Elle ne se voit pas revenir à la voiture pour ses trajets du quotidien.

Qu’est-ce que tu aimes particulièrement dans la Fresque ?

C’est l’une de celles que je préfère animer : ludique, pas culpabilisante, on apprend beaucoup, elle est fluide, et rapide ! Et au cas où vous n’auriez pas retenu : les gens en ressortent motivés ! 🙂

Pour finir sur une note plus perso, que souhaites-tu partager avec nous ?

J’adore voyager. Mon prochain grand voyage – bas carbone – est prévu fin octobre,  à Prague… Pour préparer vos périples, je vous conseille les sites Hourrail et Mollow, vous connaissez ? Si ça vous intéresse, je vous raconterai mes aventures en rentrant !